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19 juin 2007
24 heures à Pekin, 24 heures à Séoul

24 heures à Pékin, 24 heures à Séoul, cette semaine.
Pékin, qui ne ressemble plus à Pékin, mais à n¹importe quelle ville
américaine, sans ame ni histoireŠ Pas un jour, cette semaine, sans que la
Chine ne soit au c¦ur de l¹actualité : son rôle au Darfour ; le scandale des
enfants au travail dans les cimenteries ; l¹achat par la Banque centrale
d¹actions d¹entreprises occidentales; l¹autorisation donnée à des banques
étrangères d¹acheter des titres d¹entreprises nationales . Au total, une
croissance si forte que, au rythme actuel, le PIB de la Chine dépassera en
2015 celui du Japon, qu¹il sera le deuxième du monde en 2025 et le premier
en 2040.
Mais la Chine commence à payer très cher cette démesure : les 8% les plus
riches détiennent 60 % du capital financier ; avec une population
vieillissant aussi vite que celle de l¹Occident, 90% des Chinois n¹ont ni
retraite, ni assurance maladie ; les grandes agglomérations sont au moins
trois fois plus riches que les zones rurales. Plus de 200 millions de
travailleurs sont migrants, sans aucune protection. Le pays manquera de plus
en plus de produits agricoles, d¹énergie et d¹eau ; l¹inflation, aujourd¹hui
très faible, triplera dès 2007 ; en raison de la pollution, 90% des réserves
d¹eau et des lacs sont inutilisables et la Chine est en passe de devenir
cette année la plus grande émettrice mondiale de dioxyde de carbone ; au
total, la dégradation de l¹environnement coutera dès 2007 plus que ne
rapportera la croissance.
Bientôt, la Chine ne pourra plus ignorer ces enjeux ; elle devra augmenter à
tout prix sa production agricole, arrêter d¹utiliser des céréales pour
produire de l¹éthanol, améliorer l¹environnement, son système de santé,
d¹éducation, et d¹agriculture. Elle devra organiser une protection sociale
des plus démunis et des familles. Elle devra pour cela réorienter vers
l¹intérieur sa production, dont les deux tiers aujourd¹hui partent vers
l¹exportation. Elle en a les moyens : ses réserves de change dépassent le
trillion de dollars et la valeur boursière de ses entreprises dépasse 1, 3
trillions de dollars.
L¹Europe sera la principale victime d¹une telle évolution : comme la Chine
ne pourra plus soutenir le cours du dollar, celui-ci baissera, ce qui
ruinera nos exportations ; et si les Etats-Unis défendent leur monnaie en
augmentant les taux d¹intérêt, cela fera plonger l¹économie des pays
européens, si endettés.
Aider la Chine à maitriser sa croissance, ce ne serait pas aider un
concurrent, mais au contraire permettre d¹éviter que ses soucis deviennent
notre cauchemar.
Séoul, un pays là aussi en pleine croissance , à la pointe des technologies
les plus avancées mais aussi, un pays anxieux, angoissé, où les jeunes ne
percoivent pas clairement leur avenir.
Pékin, Séoul, capitales d¹un monde grandi trop vite, vieilli trop vite.